La mesure d’impact est un sujet central dans un contexte européen où les obligations de reporting extra financier sont de plus en plus exigeantes (CSRD, taxonomie verte…).
Chez Bloomr, nous accompagnons uniquement des startups à impact, et avons donc souhaité nous interroger à ce sujet : faut-il établir des critères de sélection ? Comment mesurer l’impact de très jeunes startups ? Comment valoriser l’impact de nos clients dans leur recherche de financements ?
Pour trouver la réponse à ces questions, nous sommes parties à la rencontre des différents acteurs de la mesure d’impact. Panorama.
Tout d’abord, pourquoi mesurer son impact ?
- Raisons économiques : les entreprises ont un intérêt financier évident à mesurer leur impact, que ce soit pour :
- améliorer ses activités et sa pertinence,
- faire face aux risques d’adaptation et de transition liés au changement climatique, de recrutements et d’image de marque, d’actionnaires et d’investisseurs
- motiver ses équipes et donc améliorer leur productivité
- renforcer son modèle économique en le rendant plus durable, donc plus résilient et plus solide face aux risques futurs
- Exigence de reporting et de communication : les entreprises doivent souvent rendre des comptes à leurs partenaires (Banques, BPI dans le cadre du prêt, clients, investisseurs) sur leur impact, qu’il soit positif ou négatif, sur la société. Mesurer son impact permet bien sûr de valoriser ses engagements auprès des parties prenantes et de communiquer concrètement ses actions auprès du grand public. Attention au greenwashing et au social washing, qui justement, ne reposent pas sur une mesure d’impact précise et transparente !
- Volonté de s’améliorer et d’avoir une influence positive sur la société : mesurer son impact est la première étape pour mener des transitions et améliorer la performance sociale et environnementale de son entreprise ! Cela permet de définir les indicateurs de suivi et de pilotage les plus pertinents pour son activité et ainsi adapter ou perfectionner sa stratégie. Bonus : s’engager dans une telle démarche favorise le bien-être de ses équipes, la quête de sens au travail étant un sujet de plus en plus important !
Les notations institutionnelles et/ou reconnues
Il existe une multitude de façons de mesurer son impact ! Beaucoup d’entreprises et d’associations créent leur propre grille de lecture, qui s’adapte précisément à leur activité.
Des organismes mondiaux et nationaux réfléchissent et proposent aussi des référentiels d’indicateurs, dans l’objectif de développer une standardisation de la mesure d’impact.
🔍 Zoom sur 2 notations qui ont retenu notre attention :
- Les Objectifs de Développement Durable (ODD) : créés par l’ONU, ils semblent s’imposer comme la notation la plus populaire, avec leur déclinaison en sous-cibles. Au nombre de 17, ils définissent des objectifs à horizon 2030 afin d’assurer la paix et la prospérité pour les peuples et la planète.
- L’Impact Score : créé par le Mouvement Impact France, c’est un référentiel adapté à toutes les entreprises pour cartographier son impact à 360°. La grille de l’impact score comporte 20 grands sous-thèmes, regroupés à l’intérieur de 3 piliers principaux : limitation des externalités négatives, partage du pouvoir et de la valeur, et stratégie à impact positif.
Les cabinets de conseil spécialisés
Aujourd’hui, de nombreux cabinets de conseil se sont spécialisés dans la mesure d’impact, pour aider les entreprises à évaluer leur impact social et environnemental. La méthode utilisée par ces cabinets est très souvent basée sur la théorie du changement.
🔍 Zoom : La théorie du changement
C’est une méthodologie de planification stratégique qui consiste à définir la mission ultime de l'organisation (sa raison d’être), puis de cartographier les étapes préalables nécessaires afin d'arriver à accomplir la mission. Dans le cadre de la mesure d’impact, il s’agit d’analyser de manière exhaustive les liens de causes à effet de l’entreprise sur son environnement.
Les cabinets mettent généralement en place une démarche de mesure d’impact en plusieurs étapes :
- Utiliser la théorie du changement pour identifier tous les impacts qu'a l'entreprise sur son environnement.
- Construire un référentiel d’indicateurs en fonction de la méthodologie choisie (quantitative ou qualitative).
- Construire le ou les outils (par exemple un questionnaire qui sera diffusé aux bénéficiaires, aux collaborateurs, etc).
- Collecter les données.
- Analyser ces données pour décrire de manière précise l’impact de l’entreprise et définir des pistes d’amélioration.
- Valoriser cette mesure d’impact en mettant en forme les données collectées, et les diffuser en interne et en externe.
Quelques exemples de cabinets positionnés sur le sujet de la mesure d’impact :
- Les cabinets spécialisés en mesure d’impact social : Kimso, Im-prove, Eexiste, Koréis, le Social Lab, …
- Les cabinets spécialisés en mesure d’impact plus largement (environnement, social, RSE) : Utopies, Goodwill Management, …
Bien évidemment, cette liste est non exhaustive : il existe de nombreux autres cabinets !
Il y a également des programmes de plusieurs mois pour apprendre à mesurer son impact telles que le programme Size Up d’Antropia Essec et Ronalpia ou encore le programme Cap Impact de l’Avise.
Plateformes de mesure d’impact
Pour les entreprises cherchant à mesurer leur impact de façon plus autonome, des plateformes digitales existent telles que :
- Zei : Plateforme en ligne, qui selon le modèle économique de l’entreprise et son secteur, propose des indicateurs de mesure d’impact pertinents. L’entreprise peut alors en sélectionner et fournir des pièces justificatives directement sur la plateforme. L’entreprise possède ainsi une page Zei, qui rend compte de la mesure de son impact, et qui peut aussi être utilisée par la suite comme support de communication.
- ImpactTrack : Plateforme qui permet de définir des indicateurs et son référentiel d’impact, suivre et améliorer son impact, et le valoriser pour mobiliser ses parties prenantes.
L’avis des financeurs
La mesure de l’impact des entreprises devient essentielle dans un contexte réglementaire de plus en plus exigeant. Par exemple avec l’obligation de reporting extra-financier de la CSRD, qui impose à toutes les grandes entreprises de mesurer leur impact carbone (scopes 1, 2 et 3), et oblige donc les fonds et les banques, entre autres, à mesurer l’impact de leur portefeuille.
Où en sont les financeurs sur ce sujet ?
Les fonds
Les fonds d’impact investing analysent l’engagement de leur portefeuille par un double prisme :
- L’impact, à travers les 3 aspects suivants :
- Intentionnalité : la volonté du dirigeant de générer un bénéfice social ou environnemental mesurable et ainsi de contribuer au développement durable.
- Additionnalité : l’action ou la contribution directe de l’entreprise, pour accroître l’impact positif généré par ses activités.
- Mesurabilité : l’évaluation des externalités sociales et/ou environnementales de l’entreprise
- La démarche RSE de l’entreprise : il n’existe pas encore de standardisation, chaque fonds utilise ses propres critères, via des grilles de lecture spécifiques ou des questionnaires (par exemple le questionnaire de France Invest).
💡Les fonds s’appuient souvent sur des cadres reconnus de l’investissement à impact, comme les standards IRIS + (les ODD repensés pour s’adapter à l’investissement), ou le catalogue d’Impact Frontiers.
Les acteurs bancaires
Aujourd’hui, les banques traditionnelles n’imposent pas de bilan carbone ou de mesure d'impact pour valider un prêt. La mesure d’impact est de plus en plus valorisée, mais non obligatoire.
Cependant, de plus en plus de banques traditionnelles se positionnent sur l'impact. Certaines proposent de mesurer l'impact de leurs clients grâce à des outils de notation comme celui d'Ecovadis et offrent des taux bonifiés si le résultat est positif. D'autres banques proposent des "prêts verts" sous conditions de définir des KPIs d'impact suivis dans le temps.
Suite aux échanges que nous avons pu avoir avec l’ensemble des acteurs, il est certain que la mesure d’impact est vouée à devenir la norme. Alors pourquoi ne pas s’y mettre dès maintenant ?
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