ℹ️ Les informations présentées sont issues de différents échanges avec des acteurs français, belges et espagnols du Venture Loan et concernent les jeunes startups entre la série A et la série B.
Le Venture Loan (ou Venture Debt) est un mode de financement non-dilutif qui permet d’aller chercher de la dette auprès de fonds de dette spécialisés. En anglais, venture signifie “entreprise risquée”. Comme son nom l’indique, les fonds de Venture Debt sont plus enclins à proposer des prêts risqués que les établissements bancaires classiques. Les venture loaners peuvent intervenir sur des projets ayant un levier plus important.
Un mode de financement peu répandu en France
Comme de nombreuses tendances de marché en finance, le Venture Debt vient des États-Unis où les banques financent très peu l’écosystème startup avec de la dette. Il s’est développé afin de palier à ce manque et permettre aux entrepreneurs de se financer sans constamment se diluer.
En France, la place centrale qu’a Bpifrance, autant comme prêteur que garant, permet de se financer sous forme de dette bancaire beaucoup plus facilement.
D’ailleurs, cela se constate sur le terrain puisque d’après l’étude Venture Debt in Europe - Market Overview menée par Deloitte en 2019, les États-Unis concentrent 78% des deals de Venture Debt entre 2010 et 2019, contre seulement 10% pour l’Europe.
En France, la Loi Macron de 2015 permet aux entreprises privées d’agir en tant que prêteuses. Même s’il est encore peu répandu en France, le Venture Loan peut être une option intéressante pour de jeunes entreprises en croissance.
En effet, ce financement est particulièrement adapté aux startups dont la maturité financière est entre la série A et la série B et dont le levier de dette est saturé ou trop élevé pour les banques, mais qui démontrent une capacité de génération de cash importante.
Quelles sont les spécificités du Venture Loan ?
Les acteurs qui proposent du Venture Loan ont des critères d’éligibilité spécifiques, tels que :
- un niveau minimal de chiffre d’affaires, d’ARR, ou de marge brute selon le modèle de création de valeur de la société (environ 4-5M€) ;
- une forte croissance historique et prévisionnelle ;
- un horizon de retour à la rentabilité dans les 12 mois suivant le financement.
Le Venture Debt offre de nouvelles possibilités aux entreprises pour faire des tours de financement plus conséquents en se superposant avec une levée de fonds en capital et un tour de dette classique.
Ces avantages viennent nécessairement avec un coût. Compte tenu du positionnement des investisseurs venture, le taux est plus élevé que la dette bancaire. De plus, les fonds de Venture Debt font une due diligence semblable à celle de fonds de Venture Capital, ce qui peut alourdir le process, surtout quand cela s’ajoute à une levée de fonds en capital.
À quelles conditions ?
Les venture loaners se rémunèrent avec des taux allant de 8 à 15%. Cela varie en fonction du profil de l’entreprise mais également de la durée du financement, généralement située entre 3 et 5 ans.
Pour assurer leur retour sur investissement, les prêteurs vont également proposer des mécanismes, notamment :
- une prime sur le taux d’intérêt initial prélevée si la performance financière de l’entreprise atteint les objectifs fixés initialement ;
- certains acteurs réservent des poches de leurs fonds aux entreprises à impact, et proposent une réduction de taux en fonction de l’atteinte d’objectifs extra-financiers.
Ce nouveau mode de financement offre un complément au capital risque et au non-dilutif classique. Le Venture Debt permet de compléter la chaîne de valeur du financement et peut être une option intéressante pour les entreprises n’ayant pas la possibilité d’aller chercher de la dette classique.
Concrètement, quand fait-on appel au Venture Loan ?
Voici ci-dessous une frise chronologique retraçant le développement d’une startup imaginaire qui pourrait envisager le Venture Loan.